Mathilde Bonvin
ESG Project Manager - ODDO BHF Banque Privée
Les élections américaines auront lieu le 7 novembre 2024. Elles opposeront la candidate démocrate Kamala Harris, et le candidat républicain et ancien président, Donald Trump. Les enjeux des élections américaines sur l'avenir des investissements durables sont particulièrement critiques : les deux principaux partis politiques offrent des visions opposées concernant la durabilité.
Scénario Kamala Harris : entre continuité et accélération de la transition
Le Parti démocrate, représenté par Kamala Harris, s'inscrit dans la continuité de l'administration Biden ayant déjà mis en place des mesures importantes qui ont profondément transformé le paysage des investissements durables. Parmi celles-ci, l'Inflation Reduction Act (IRA), adopté en 2022, est un levier essentiel pour la transition énergétique des États-Unis. Ce plan de 400 milliards de dollars offre en particulier des subventions et des crédits d'impôts pour la production d'énergies propres, l'acquisition de véhicules électriques, et la capture des émissions de CO2.
Sur la pollution, Kamala Harris renforcerait les pouvoirs de l'EPA (Environnemental Protection Agency), autorité qui régule les polluants éternels ou « PFAS ». Les PFAS sont une famille de plus de 10 000 composés chimiques utilisés dans de nombreux produits de consommation quotidienne, tels que les poêles, les produits cosmétiques. Ils sont souvent appelés "polluants éternels" en raison de leur persistance dans l'environnement et le corps humain. Des études ont démontré les effets nocifs pour la santé et l'environnement de certains PFAS. L'un des principaux enjeux autour de leur propagation réside dans la contamination des réseaux d'eaux potables. Kamala Harris souhaite protéger les prérogatives existantes de l'EPA, voire engendrer de nouvelles normes pour l'assainissement de l'eau. Les coûts d'assainissement pour les compagnies des eaux sont estimés à environ 50 milliards de dollars US au cours des 20 prochaines années (source : Robeco).
Scénario Donald Trump : vers une dérégulation des enjeux environnementaux et sociaux ?
Sous sa présidence entre 2016 et 2020, Donald Trump avait retiré les Etats-Unis de l'Accord de Paris sur le climat (ratifié à l'occasion de la COP21). Une victoire de Donald Trump pourrait considérablement ralentir l'adoption et l'application des régulations environnementales et sociales. Le candidat a déjà annoncé vouloir annuler des réglementations en application telles que celles encadrant la SEC (Securities and Exchange Commission), régulateur financier, imposant aux entreprises cotées de divulguer une série d'informations liées au climat, comme leurs émissions de gaz à effet de serre et leurs plans de transition vers des modèles économiques plus durables.
Concernant l'IRA, mis en place par l'administration de Joe Biden, il parait difficile pour Donald Trump de démanteler l'intégralité de cette loi. En effet, la majorité des subventions dans le cadre de l'IRA bénéficient à des Etats républicains (ex : la Caroline du Nord, le Nevada). En effet la somme des subventions dans le cadre de l'IRA pour les Etats démocrates était estimée à 42 milliards de dollars US contre 161 milliards de dollars US pour les Etats républicains.
Concernant les polluants éternels (PFAS), le Projet 2025 des alliés de Trump, mettent en cause la légitimité de certaines agences fédérales dont l'EPA et plaident pour une révision de la législation actuelle sur l'eau potable. Cela pourrait impacter la qualité de l'eau et par conséquent, la santé des usagers.
Une réélection de Trump mènerait donc surement à un détricotage des réglementations en vigueur et à un cadre beaucoup plus souple pour les entreprises en termes de pollution notamment. En effet, il est estimé qu'une victoire de Donald Trump conduirait à une augmentation de 4 milliards de tonnes de CO2 des émissions américaines d'ici à 2030 par rapport aux plans de Kamala Harris (source : Carbonbrief).
En conclusion, une élection de Kamala Harris s'inscrirait donc dans la continuité des actions de Joe Biden en matière de durabilité et de la transition énergétique. Au contraire, une élection de Donald Trump pourrait signifier un retour en arrière sur certaines réglementations mises en place sous Joe Biden, à l'exception de l'IRA qui parait difficilement dérogeable car bénéficiant en grande partie aux Etats Républicains.
Source : ODDO BHF Securities, Octobre 2024. Les informations et analyses contenues dans ce document reposent sur des sources réputées fiables à la date de la publication. Cependant, elles peuvent évoluer en fonction des nouvelles données ou régulations à venir.
Ce document ne représente pas une recommandation d'investissement, ni un conseil personnalisé. Les performances passées ne présagent pas des performances futures et chaque investisseur doit évaluer son appétit pour le risque et ses objectifs financiers avant toute prise de décision.
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